De la vérité de l’expression musicale selon Carl Philipp Emanuel Bach
Un musicien ne peut émouvoir sans être lui-même ému ; il est indispensable qu’il ressente lui-même les sentiments qu’il veut susciter chez ses auditeurs ; il doit leur faire comprendre sa propre sensibilité pour qu’ils soient plus à même de la partager. (III-13)
Cette citation est emblématique de Carl Philip Emanuel Bach ; on voit d’ailleurs à quel degré son point de vue s’oppose à celui de son contemporain Diderot, qui développe sa théorie dans le « paradoxe sur le comédien » et selon qui l’acteur doit faire ressentir au public des émotions qu’il n’éprouve pas lui-même, et base donc son art sur la distanciation. Chose impensable pour CPE Bach pour qui la sincérité est essentielle pour convaincre et émouvoir.
Alors que la musique baroque est aujourd’hui redevenue quasiment une musique populaire, qu’elle inonde le marché du disque classique et les salles de concert, il est curieux de s’apercevoir qu’elle a malgré tout du mal à s’émanciper de quelques idées reçues ; entre le concept de musique de table (que l’on suppose jouée en fond sonore pour un prince peu attentif) et celui de musique publiée à la douzaine (à l’attention des dilettantes), ou encore des opéras seria par milliers que l’on suppose victimes des codes vains de l’époque et des goûts superficiels du public, il reste aujourd’hui difficile de se persuader que les œuvres du XVIIIème siècle aient pu véritablement rechercher une profondeur d’expression. Vraiment, nul compositeur ne peut mieux bousculer cette vision erronée que Carl Philipp Emanuel Bach.
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Presse
Diapason
Quittant un instant sa baguette de chef, Bruno Procopio revient à son instrument et se concentre sur les six sonates Württemberg. Sa virtuosité se coule dans un geste musical toujours conduit et précis.
Classica
Bruno Procopio, qu’on entend sur un clavecin de John Philips (Berkeley 2000) aux belles sonorités, joue franchement le jeu : Carl Philipp Emanuel Bach n’est pas pour lui un musicien de salon, sa musique doit remplir l’espace. On n’oublie pas la récente version de Mahan Esfahani, justement vantée dans ces colonnes, davantage « de chambre » et qui, observant un peu moins de reprises, tient en un seul CD. Reste que pour qui souhaite acquérir les seules Wurtembergeoises, la réalisation de Bruno Procopio s’impose en tout premier lieu.
Le Soir (Belgique)
Son Rameau avec le Simon Bolivar nous a époustouflés. Revenu à son clavecin, il aborde les sonates wurtembergeoises de C.P.E. Bach. Ce mouvement, préromantique dans son impulsion, puissamment germanique (à l’époque, la France n’est que galante) exige de la conviction, un sens de la surprise, un appétit pour l’expression qui bouscule le bien joué traditionnel. Avec cette différence qu’il faut être un sacré maître de son instrument pour y briller ? Van Asperen (Teldec) l’était autrefois avec un sérieux chaste, Procopio le devient aujourd’hui avec un bonheur séduisant.
Artamag
Voilà que Bruno Procopio me plonge dans les éclats baroques et les élans préromantiques des Sonates Wurttenbourgeoises de Carl Philipp Emanuel Bach. Ce cahier, véritable emblème du Sturm und Drang appliqué à un clavecin, a connu récemment une interprétation fulgurante sous les doigts de Mahan Esfahani (Hyperion). Je croyais bien tout cela définitif.
Mais non, voilà que Bruno Procopio l’égale sur les mêmes terrains de la virtuosité et de la fantaisie, et évite l’écueil du maniérisme. C’est qu’il pense sans cesse à la danse, fouette le clavier de l’instrument alerte construit en 2000 par John Philips, éloigne Carl Philippe de Sans-Souci pour lui donner un taconeo à la Scarlatti bluffant.
Cette vitalité exacerbée, ce discours si brillant tiennent en haleine tout au long des deux disques nécessaires pour recueillir une lecture qui ne sacrifie aucune reprise, les anime avec une verve stimulante.
Klassik Heute
Avec une agogique parlante, Bruno Procopio explore les possibilités de la particulière et belle sonorité de l’instrument, tout comme la richesse au vif tempérament du nouveau « style sensible»
Concerti
Le chef d’orchestre brésilien et claveciniste Bruno Procopio joue la musique ainsi : musique révolutionnaire, il vise tout à fait l’auditeur. Il est toujours à la recherche de la prochaine surprise, rupture soudaine, le changement du brillant virtuose pour tenir la pause, sans perdre le flux tranquille dans les mouvements lents.
BBC
«Il [Procopio] habite la fluidité changeante du premier mouvement de la sonate en la bémol et affiche une captivante vigueur dans son final. Le final de la sonate en la mineur a le feu au ventre, aussi, avec des fioritures arpégiques que strie le paysage tel l’éclair « .
Revue « Limelight » (Australie)
« Bruno Procopio joue les six sonates Württemberg avec brio. Il y a beaucoup à apprécier dans sa version. Les doigts agiles de Procopio mettent en valeur l’écriture singulière de [CPE] Bach. Les mouvements lents — d’un phrasé exquis — sont particulièrement séduisants : les écouter au casque est un vrai délice. Cela vaut vraiment la peine d’écouter cette version. »