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Jeune, quand on regarde l’Everest, on se dit qu’un jour, on va le gravir.
Il faut s’y préparer, mais surtout, un jour, il faut y aller.
Pour moi, l’Everest, c’est l’œuvre de Bach. Les Variations Goldberg n’échappent pas à cette comparaison. Bien qu’impressionnantes, elles ne sont pas forcément plus difficiles à aborder que d’autres intégrales comme les Partitas, que j’ai enregistrées à l’âge de 25 ans. Ce qui fait des Goldberg un véritable Everest, c’est leur nature atypique : une œuvre longue de plus d’une heure, sans pause, et surtout, le poids des nombreuses interprétations marquantes qui les ont précédées. Cela pose une question essentielle : pourquoi aborder les Goldberg aujourd’hui dans le cadre d’un enregistrement ?
Avant d’enregistrer ce chef-d’œuvre, j’ai longuement travaillé sur les enchaînements et les liens subtils entre les variations. Mon objectif était d’unir certaines pièces par leur caractère, non seulement à travers le tempo mais aussi grâce à la registration du clavecin. À l’instar d’un groupe de sonates de Scarlatti, j’ai cherché à construire des blocs cohérents, ce qui a transformé ma vision initiale de l’interprétation.
Pour préserver cette cohérence, certaines variations sont jouées plus rapidement, avec une approche particulière des registres, comme le Plein Jeu (4 pieds), rarement utilisé dans ce contexte. J’ai également évité de systématiser les points d’orgue à la fin des variations, ce qui m’a permis de maintenir une fluidité et une structure interne en blocs.
Cette approche offre à l’œuvre une respiration nouvelle. Grâce à un choix minutieux des tempi, elle révèle une allure inédite à certaines pièces, renouvelant ainsi l’écoute et l’émotion qu’elles suscitent. Bruno Procopio
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Depuis mon enfance, la musique de Rameau m’anime et m’inspire. Sa beauté, son audace harmonique et sa richesse orchestrale ont toujours résonné en moi, bien au-delà de ses œuvres pour clavecin. Après des années passées à diriger ses opéras au sein d’ensembles spécialisés et d’orchestres symphoniques, une évidence s’est imposée : il fallait un orchestre dédié exclusivement à Rameau.
C’est ainsi qu’est né Le Jeune Orchestre Rameau, un laboratoire orchestral d’excellence, réunissant 53 musiciens jouant sur instruments d’époque – comme à l’Académie Royale de Musique en 1750 – pour restituer avec authenticité la puissance et la finesse de son langage musical. L’orchestre, d’envergure internationale, rassemble des talents venus de plus de 22 pays et bénéficie du soutien des Éditions Rameau (Opera omnia), ouvrant ainsi la voie à la redécouverte d’œuvres inédites.
Notre premier album, Guerre et Paix, a été salué par la critique, recevant le Prix d’Excellence du disque et figurant parmi les meilleurs albums de l’année 2021 selon la revue Scherzo (Espagne). Ce projet ambitieux n’aurait pu voir le jour sans le soutien essentiel de Sylvie Bouissou (CNRS), directrice des Éditions Rameau, ainsi que de grands conservatoires européens et du Sistema des orchestres du Venezuela.
Avec Le Jeune Orchestre Rameau, nous ouvrons une nouvelle page de l’histoire musicale, où tradition et redécouverte se rencontrent pour faire rayonner l’un des plus grands génies du XVIIIe siècle. Bruno Procopio
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Deuxième album du Jeune Orchestre Rameau, sous ma direction et bien sûr au clavecin.
Cet enregistrement est consacré aux Pièces de clavecin en concerts, adaptées en sextuor dans une version dont les partitions manuscrites remontent à 1768.
Redécouverte dans la bibliothèque de Decroix, collectionneur passionné des œuvres de Jean-Philippe Rameau, cette musique fascinante prend une nouvelle dimension avec le Jeune Orchestre Rameau.
J’ai choisi d’élargir cette formation à 12 musiciens, apportant ainsi une touche plus symphonique à l’ensemble. J’ai également réintroduit la partie de clavecin concertante de la version originale, insufflant aux pièces une vivacité et un éclat renouvelés.
Un hommage vibrant à Rameau, entre tradition et réinterprétation.
Bruno Procopio
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Les Solistes de l'Orchestre Symphonique Simón Bolívar du Venezuela m’ont invité à diriger un programme entièrement consacré à Jean-Philippe Rameau. Pour ces musiciens vénézuéliens, la découverte de la musique baroque française a été une aventure fascinante, marquant leur première incursion dans le répertoire classique français du XVIIIᵉ siècle.
Avant tout, je voulais éveiller la curiosité des musiciens de l’orchestre pour un répertoire qu’ils n’auraient probablement jamais découvert par eux-mêmes. J’avais également à cœur de travailler avec un orchestre n’ayant aucune expérience de la musique baroque française, afin de bâtir une identité musicale à partir de zéro. Ce processus m’a permis d’explorer ma propre vision de cette musique avec une formation symphonique. À ma grande satisfaction, j’ai trouvé un terrain incroyablement fertile.
Je me souviens qu’un jour, lors d’une pause en répétition, un musicien est venu vers moi et m’a murmuré : "Maestro, c’est la plus belle musique que j’aie jamais jouée !"
Je ne pouvais espérer plus belle récompense.
Cet enregistrement a reçu un accueil critique enthousiaste. Il a été récompensé du prestigieux CHOC du magazine Classica, le magazine Diapason lui a attribué 5 étoiles. Enfin, il a été élu "Meilleur disque de la semaine" par Le Figaro et la radio britannique Classic FM. Bruno Procopio
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Mon premier album Rameau : une aventure inoubliable
Quel beau voyage que cet album, empreint de souvenirs indélébiles ! Après avoir interprété ces œuvres une cinquantaine de fois en concert à travers le monde, aux côtés des plus grands solistes français et étrangers, j’ai décidé de les enregistrer avec quelques compagnons de scène d’exception : Patrick Bismuth au violon, François Lazarevitch aux flûtes allemandes et Emmanuelle Guigues à la viole de gambe.
Pour enrichir ce programme, j’ai également ajouté des extraits de la Suite en la (1726/27) tirés des Nouvelles suites de pièces de clavecin. Un hommage vibrant à Rameau, né d’une passion partagée pour cette musique lumineuse et foisonnante.
J’ai eu le bonheur d’enregistrer cet album sur mon sublime clavecin Ruckers, construit par le facteur Kilström. Cet instrument exceptionnel m’a permis de jouer en totale confiance, offrant un résultat musical à la fois naturel et exubérant. Je suis très heureux du rendu de cet enregistrement, qui témoigne de mon attachement profond à cette musique.
Bruno Procopio
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Lorsque le Festival Semana de Música Religiosa de Cuenca m’a invité à diriger une série de programmes consacrés à la musique coloniale et impériale brésilienne, j’ai immédiatement saisi l’opportunité de proposer un concert et un enregistrement de la Missa Grande de Marcos Portugal, le plus emblématique et prolifique des compositeurs luso-brésiliens.
L’un des moments forts de ce projet fut l’enregistrement dans la majestueuse Cathédrale de Cuenca, sur son somptueux orgue récemment restauré, un instrument construit par Julián de la Orden, contemporain de la composition de l’œuvre. Cet élément historique confère à l’interprétation une authenticité unique, sublimant toute la richesse sonore de cette musique.
Passionné par le répertoire musical de mon pays d’origine, je tiens particulièrement à faire connaître Marcos Portugal, un véritable génie encore trop méconnu du grand public. Cet enregistrement met en lumière une version rare de la Missa Grande, avec orgue concertant, la plus jouée et diffusée à travers les Amériques durant la période coloniale.
J’ai eu le privilège de collaborer pour cet enregistrement avec des solistes de premier plan et le Chœur L’Échelle. Bruno Procopio
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J'ai eu l'immense plaisir de jouer la partie d'orgue concertante ainsi que de produire cet album exceptionnel.
Marcos Portugal est sans conteste le plus grand compositeur luso-brésilien de tous les temps. Connu en Europe pour ses nombreux opéras, il consacre la majeure partie de ses œuvres tardives à la musique sacrée. Son répertoire complet, écrit pour la Chapelle Royale de Rio de Janeiro, comprend 130 compositions, parmi lesquelles figurent des œuvres monumentales.
Parmi elles, cette œuvre magistrale, composée à Rio de Janeiro en 1811 et enregistrée par le Turicum Ensemble, est la première œuvre sacrée du compositeur à avoir été restaurée avec succès par des musicologues.
Marcos Portugal a mené une carrière brillante, s’illustrant aussi bien en Europe que dans le Nouveau Monde. Après avoir passé dix ans à composer de la musique sacrée et des opéras au Portugal, il s’installe en Italie, où il vit une période intense de six ans et demi. Durant ce séjour, il compose vingt-deux opéras, qui connaissent un succès sans précédent : leurs productions se comptent par centaines et les représentations par milliers.
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Un duo, une rencontre, un enregistrement.
Cet enregistrement des sonates pour viole et clavecin de Johann Sebastian Bach est l’aboutissement d’un long compagnonnage avec sa musique. Avec Emmanuelle Guigues, nous avons voulu donner vie à ces œuvres en les explorant sous un nouveau jour, portés par des années de recherche et d’interprétation.
Ce projet s’inscrit dans un moment clé de nos parcours respectifs. Pour moi, il fait suite à l’intégrale des Partitas pour clavecin, un travail intense qui m’a amené à approfondir jour après jour la matière musicale de Bach.
Mais ce projet n’aurait peut-être jamais vu le jour sans une rencontre décisive : celle de deux instruments exceptionnels. La découverte d’une viole de Salomon (1741, collection privée) et du clavecin Couchet-Blanchet-Taskin (collection Kenneth Gilbert) a été un véritable déclencheur.
Leur mise à notre disposition a été déterminante : ces instruments parlent d’eux-mêmes, dialoguent avec une présence et une expressivité rares, révélant sous une lumière inédite ce répertoire d’une richesse incommensurable.
Bruno Procopio
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Redéfinir l'expression musicale
Alors que la musique baroque est aujourd’hui redevenue quasi populaire, inondant à la fois le marché du disque classique et les salles de concert, elle peine encore à se défaire de certaines idées reçues. Entre le cliché de la musique de table, supposée n’être qu’un fond sonore pour un prince distrait, celui de la musique publiée en série, destinée aux dilettantes, ou encore l’image des opéras seria par milliers, prétendument victimes des codes vains et des goûts superficiels de leur époque, il semble difficile d’imaginer que la musique du XVIIIᵉ siècle ait pu véritablement rechercher une profondeur d’expression.
Aucun compositeur ne bouscule mieux cette vision erronée que Carl Philipp Emanuel Bach.
Pour moi, ce recueil de sonates est sans doute l’un des plus importants du compositeur, et même de toute la première moitié du XVIIIᵉ siècle. Édité par C.P.E. Bach lui-même, il représente un véritable défi pour l’interprète, tant par sa virtuosité que par son intensité expressive.
J’ai préparé cette intégrale comme aucun autre album. Après plus de 30 concerts à travers le monde, je peux dire que ces œuvres comptent parmi mes préférées pour le clavecin.
Bruno Procopio
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Dans ce nouvel album, "Portrait d’Iris", consacré à François Couperin, j’ai souhaité explorer différentes facettes de son univers musical qui me sont particulièrement chères. Aux côtés d’Emmanuelle Guigues et Sylvia Abramowicz à la viole de gambe, de Rémi Cassaigne au théorbe et à la guitare baroque, et moi-même au clavecin, nous avons réuni un programme mettant en lumière toute la richesse et la sensibilité de son écriture.
Cet album réunit les deux Suites pour viole de gambe et basse continue, le XIVᵉ Concert Royal, ainsi que des Pièces de clavecin, offrant ainsi un regard intime et contrasté sur l’œuvre de Couperin. Ce projet s’inscrit dans la continuité de l’album qu’Emmanuelle Guigues et moi-même avions dédié à la musique de Johann Sebastian Bach, poursuivant ainsi notre voyage à travers les chefs-d’œuvre du répertoire baroque.
J’ai eu la chance d’enregistrer cet album sur le sublime clavecin Collesse de 1748, magnifiquement restauré par Laurent Soumagnac. Cet instrument exceptionnel a apporté une couleur et une expressivité uniques à cette interprétation, révélant toute la finesse et la poésie de la musique de Couperin.
Bruno Procopio
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Je garde un souvenir très précis de cet album : l’Opus 1 du label Paraty, que j’ai fondé en 2006. Ce projet a été marqué par une chapelle glaciale, un clavecin sublime prêté par mon professeur et ami Pierre Hantaï, et de longues démarches pour donner naissance à un label discographique indépendant.
Ce fut une aventure exigeante, mais voici un disque dont je suis profondément fier. La témérité de la jeunesse est bien là et, soyons francs, j’espère la conserver toute ma vie…
Les six Partitas pour clavecin forment, avec les Suites françaises et les Suites anglaises, la trilogie des grandes suites pour clavier de Johann Sebastian Bach. Publiées par le compositeur lui-même entre 1726 et 1731 à Leipzig, elles constituent son Opus 1, regroupé sous le titre de Clavier-Übung.
Deux Opus 1 qui dialoguent… Était-ce un signe ? J’aime à penser que j’ai choisi le meilleur programme pour apporter une bonne augure au label naissant. Vive Bach, et pourquoi pas… vive le label Paraty !
Bruno Procopio
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Un premier Opus fondateur
Me voilà, tout juste sorti du Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris, avec les Partitas de Bach dans les doigts. Oui, j’avais même tenté ma chance au concours Bach de Leipzig ! Sans premier prix en poche, mais avec ces chefs-d’œuvre en bagage, j’ai frappé à la porte de tous les labels.
La réponse fut unanime : "Comment ? Vous voulez débuter dans l’univers du disque avec les Partitas ?"
Un refus général… mais les solutions, je les ai trouvées en fondant mon propre label. Cette initiative entrepreneuriale, née d’une nécessité, a depuis porté d’innombrables albums, et aujourd’hui encore, mes collègues me remercient.
Ce fut ma première incursion dans le monde discographique : quelques prises, presque sans montage, mais un accueil chaleureux de la presse, en Europe comme ailleurs.
La vie est belle… et avec Bach, encore plus.
Bruno Procopio